A LA RECHERCHE DE NOUVEAUX CARBURANTS. De plus en plus d�Am�ricains � font le plein � d�huile usag�e (friture) aux arri�re-cuisines des fast-foods, pour fabriquer ensuite du biodiesel, peu polluant et bon march�.

L� huile de friture, essence du futur ?

SIX CENTS POMPES A BIODIESEL EXISTENT D�Ja AUX �tats-unis.
S�IL Y A ACTUELLEMENT MOINS DE 20 PRODUCTEURS, 12 NOUVELLES INSTALLATIONS SONT EN CONSTRUCTION.
AVEC LA HAUSSE DU PRIX DES CARBURANTS, LE BIODIESEL DEVIENT Comp�titif : L�US POSTAL SERVICE, L�Arm�e, LA MARINE ET DES Soci�t�s DE RAMASSAGE SCOLAIRE L�ONT ADOPTE.

WASHINGTON
De notre correspondante Corine Lesnes
C�est jaune, plut�t visqueux et personne ne s�accorde sur l�odeur. � Certains trouvent que �a sent les frites. D�autres, le pop-corn ï¿½, dit Peter Bell, qui en fabrique � Austin (Texas). � L�assaisonnement � salade ï¿½, corrige Dan Goodman, qui en poss�de un flacon sur son bureau, � l�universit� du Maryland. Le liquide en question, du biodiesel, est un biocarburant d�origine v�g�tale, un de ces nouveaux carburants sur lesquels les �tats-Unis comptent pour r�duire un jour leur d�pendance �nerg�tique � l��gard du Proche-Orient. Inexistant il y a dix ans, il a fait son entr�e dans les statistiques du minist�re de l��nergie. D�nomination � graisse jaune ï¿½. Huile de cuisine. On la met dans le moteur.
Le ph�nom�ne a pris de l�ampleur en quelques ann�es. Dans toute l�Am�rique, des individus ont entrepris de collecter de l�huile � frites aupr�s des restaurants et des fast-foods pour la transformer en biocarburant. Pour le quotidien Star Tribune de Minneapolis, ces nouveaux brocanteurs composent une � sous-culture en expansion ï¿½. Ils arrivent � faire 1.000 kilom�tres avec un moteur qui ne pollue pratiquement pas. Et un plein d�huile qui ne leur a rien co�t�.
Le gisement de mati�re premi�re n�est pas n�gligeable : 300 millions de gallons d�huiles us�es sont produits chaque ann�e dans les cuisines am�ricaines, soit plus de 1 milliards de litres (1 gallon vaut 3,79 litres). � Il y a un ph�nom�ne de mode, explique Josh Tickell, un des pionniers de la discipline. Les gens ont envie de faire du biodiesel. Et l�huile de cuisine est une m�thode accessible � tout le monde. ï¿½
Il suffit de m�langer l�huile us�e � de l�alcool (m�thanol). Gr�ce � un kit de conversion, vendu sur Internet, on peut s�assurer que le carburant n��paissit pas s�il fait froid. Il y a quand m�me un handicap : il faut poss�der un v�hicule diesel, et � ce titre seulement 5 % du parc automobile am�ricain est concern�.
Josh Tickell est l�auteur du livre From the Frayer to The Fuel Tank (De la friteuse au r�servoir). Il a sillonn� le pays pendant deux ans avec un veggie van, un minibus peint de fleurs de tournesol et nourri exclusivement de l�huile des restaurants crois�s sur le trajet. Le 6 f�vrier, il a sorti son deuxi�me livre, Biodiesel America, en m�me temps que s�ouvrait la Conf�rence nationale du biodiesel � San Diego, avec 2 000 participants, soit deux fois plus qu�en 2005. � Les gens s��veillent � la r�alit�. On ne pourra plus importer tr�s longtemps d�Arabie saoudite, dit-il.
L�administration Bush a donn� un s�rieux coup de pouce au biodiesel dans son plan Energie de 2004 par un syst�me de cr�dit d�imp�ts : de 50 cents � 1dollar pour chaque gallon de biodiesel m�lang� au diesel classique (ou p�trodiesel). Cet avantage fiscal a permis de tripler la production : 14 millions de gallons en 2003, 30 millions en 2004 et pr�s de 75 millions en 2005. Actuellement, l�essentiel du biodiesel est fait � partir de soja, devant l�huile de cuisine. Mais on reste loin du compte. M�me si on exploitait tout le gisement d�huile � frites, dit Josh Tickell, � on ne pourrait couvrir que 5 % des besoins en diesel ï¿½.
Cela dit, avec la hausse du prix des carburants, le biodiesel est devenu comp�titif. Il a conquis l�US Postal Service, l�arm�e, la marine � qui a d�cid� que tous les v�hicules non combattants utiliseraient de biodiesel -, et les bus jaunes d�une centaine de districts scolaires. Six cents pompes � biodiesel existent d�j� dans le pays. S�il y a actuellement moins de 20 producteurs (pour 84 d��thanol), 12 nouvelles installations sont en construction.
En 2004, Willie Nelson, une l�gende de la musique country, s�est lanc� sur le march�. Il a cr�� sa marque de carburant, le � Bio-Willie ï¿½. Le guitariste, qui partage son temps entre Austin et Hawa�, a achet� une Mercedes diesel, et l�odeur de frites, � ou de doughnuts ï¿½, comme dit son manager, le suit dans ses tourn�es. Le � Bio-Willie ï¿½ est un m�lange de 80 % de p�trodiesel et de 20 % de biodiesel fabriqu� � partir d�huile de soja. En ao�t 2005, il a �t� mis sur le march� dans la station essence f�tiche des routiers du Texas, le Carl�s Corner, au sud de Dallas o� Willie Nelson avait l�habitude de chanter. Aujourd�hui, elle sert de 30 � 40 camions par jour.
Avec un p�trole � pr�s de 70 dollars le baril, le prix est le m�me que le diesel ordinaire, souligne Peter Bell, le responsable de la distribution. � Nous enregistrons une croissance de 35 % par mois ï¿½, affirme-t-il. Selon lui, les consommateurs ach�tent du � bio ï¿½ pour diverses raisons : � Certains veulent soutenir les fermiers am�ricains ; d�autres ne veulent plus entendre parler de l�Arabie saoudite.
Le biodiesel n�int�resse pas que les r�veurs et les �cologistes. Dan Goodman, un sp�cialiste en cr�ation d�entreprise, � l�universit� du Maryland, est en train de monter sa propre � raffinerie ï¿½ de biodiesel.
Au d�part, il �tait surtout pr�occup� par le r�le des bus scolaires, tr�s polluants, dans le d�veloppement de l�asthme chez les enfants. Il s�est mis � collecter des huiles us�es et fournit maintenant les cinq bus de son �cole de quartier.
Une fois par semaine, il envoie Matt Geiger, un passionn� de m�canique, faire la tourn�e de collecte des huiles dans les restaurants de College Park, dans le Maryland. Arm� d�une petite remorque, sur laquelle il a mont� une pompe, Matt se gare derri�re les cuisines et, sans m�me un temps d�h�sitation, attaque le r�servoir � huile. Le liquide est jaun�tre, �pais. De temps en temps, il y surnage encore un morceau de carcasse. Le m�canicien pompe un tonneau de 55 gallons en trente secondes.
Dans sa tourn�e, il ne manque pas la caf�t�ria de l�universit� � trois fast-foods d�un coup ! -, puis il passe par Sakura, le restaurant japonais, et California Tortilla. En g�n�ral, il recueille 300 gallons par semaine. Avant, les restaurants devaient payer pour faire enlever leurs huiles us�es. Ils ne sont pas m�contents de s�en d�barrasser.
Matt Geiger se d�crit comme un � p�trolier d�un genre un peu diff�rent ï¿½. Il a toujours �t� int�ress� par Rudolf Diesel, l�inventeur allemand qui a mis de l�huile d�arachide dans son moteur. Il croit � une nouvelle r�volution �nerg�tique : � en 1859, l�industrie d�huile de baleine a �t� laiss�e sur place quand on a trouv� du p�trole en Pennsylvanie. C�est exactement ce qui va se produire.
Le p�trole va �tre totalement d�pass�. ï¿½ CORINE LESNES

Le plan Bush pour soigner un pays � accro ï¿½ au p�trole

� SWITCHGRASS ï¿½ ? A peine le pr�sident Bush avait-il fini son discours sur l��tat de l�union, le 31 janvier, que les experts se sont pr�cipit�s sur leurs encyclop�dies de botanique. Quelle �tait donc cette plante que le pr�sident avait mentionn�e au titre des �nergies nouvelles qui allaient faire �voluer l��conomie am�ricaine � au-del� du p�trole ï¿½ ? D�s le lendemain, les journaux publiaient photos et descriptions de cette herbe providentielle. Switchgrass ou Panicum virgatum. Une plante vivace, poussant haut et vite, et susceptible d��tre � convertie en hydrog�ne par la voie thermochimique ï¿½ ou d�entrer dans la fabrication de l��thanol, un carburant de remplacement fabriqu� actuellement � partir du ma�s.
L�enthousiasme n�a pas dur�. Certes les fibres de plantes sont parfaites pour fabriquer de l��thanol, mais la technologie n�est pas encore suffisamment au point pour que les prix soient comp�titifs. Et le d�bat n�est pas clos sur l��conomie que l��thanol permet de r�aliser compte tenu de l��nergie qui est n�cessaire � sa transformation.
Le reste du discours pr�sidentiel n�a pas �t� mieux accueilli. Georges Bush a-t-il estim� que l�Am�rique �tait trop � d�pendante du p�trole ï¿½ ? Venant d�un homme aussi li� � l�industrie p�troli�re, l�appel n�a pas �t� jug� tr�s cr�dible. Ni tr�s neuf : la presse a retrouv� des discours identiques prononc�s par ses pr�d�cesseurs, de Richard Nixon � Jimmy Carter, promettant de r�duire la d�pendance �nerg�tique. Or les Etats-Unis importaient 35 % du p�trole qu�ils consommaient en 1973. Aujourd�hui, ils en importent 60 %.
M. Bush a-t-il propos� une � initiative sur les �nergies de pointe ï¿½ qui permettrait de financer la recherche sur l��thanol et sur les v�hicules hybrides ? Le montant inscrit dans le budget 2007 �200 millions de dollars � a fait lever les sourcils : c�est le cinqui�me du chiffre d�affaires quotidien d�ExxonMobil. A ces objectifs qu�ils estiment irr�alistes, les d�mocrates pr�f�rent des mesures visant � obliger les constructeurs automobiles � r�duire la consommation de leurs mod�les.
Enfin, M. Bush a �voqu� le remplacement, en vingt ans, de 75 % du p�trole import� du Moyen-Orient (les Etats-Unis importent 16 % de leur carburant de cette r�gion). L�objectif a �t� compar� au projet, lanc� en 2004, d�envoyer un homme sur Mars. � On croirait les quotas de l�agriculture sovi�tique, a comment� l��ditorialiste conservateur Georges Will. Sauf que personne ne sera fusill� s�ils ne sont pas remplis. ï¿½

A la suite d'une conversation sur les bio-carburants avec Monsieur Jean-Fran�ois Pi�tri journaliste � Bois International, je re�u ce courriel :

Bonjour,
Pour info, une d�p�che de l'AFP, arriv�e chez nous vendredi.
Cordialement.
JF Pi�tri 

WASHINGTON (AFP)
21 Juillet 2006 13h39

Aux USA, les producteurs du dimanche font du biodiesel avec de l'huile de friture

Convaincus des avantages du biodiesel, un carburant fait d'huiles v�g�tales moins polluant et moins cher, un nombre croissant de producteurs du dimanche aux Etats-Unis font leur biogazole dans leur garage ou leur jardin.

"C'est meilleur pour le moteur, meilleur pour l'environnement et un peu moins cher que le diesel, si on ne passe pas trop de temps �  le faire", explique Dan Goodman, un intervenant �  la Business School de l'Universit� du Maryland qui fait rouler sa Mercedes au biodiesel depuis plusieurs ann�es.

"Il y a deux solutions: soit on modifie le moteur et on y met directement de l'huile mais dans ce cas ce n'est pas un carburant l�gal, soit on fabrique un nouveau carburant avec de l'huile --le biodiesel--, et on peut l'utiliser en toute l�galit� dans n'importe quelle voiture diesel".

Ainsi ils sont plusieurs milliers aux Etats-Unis, selon ce passionn� des �nergies renouvelables, �  fabriquer leur propre carburant en collectant d'abord les huiles us�es dans les restaurants.

La recette "est facile si on sait s'y prendre", explique Dan Goodman pr�cisant toutefois qu'il faut avoir un garage "bien a�r�" car les vapeurs des produits sont l�g�rement toxiques et tr�s inflammables.

"On filtre la vieille huile de friture, on la laisse reposer pour en s�parer les corps les plus collants, on ajoute une mol�cule d'alcool et un genre de soude caustique et voil� ", r�sume-t-il.

Il en fabrique ainsi jusqu'�  300 gallons par jour �  ciel ouvert dans les champs d'une ferme du Maryland avec son acolyte Matt Geiger qui deux fois par semaine collecte dans des jerricans g�ants la pr�cieuse "graisse jaune" aupr�s des arri�res-cuisines des restaurants d'Olney et de College Park (Maryland).

Gr�ce �  leur production, une flotte de 15 bus scolaires roulent au biodiesel, affirme Dan Goodman.

La plupart des adeptes du biodiesel s'organisent en fait en coop�ratives. La production industrielle, qui se base sur l'huile de soja davantage que sur les huiles us�es, a fait un bond extraordinaire ces derni�res ann�es aux Etats-Unis. Elle demeure toutefois une infime proportion des hydrocarbures.

Selon l'organisation professionnelle National Biodiesel Board, la production a �t� multipli�e par trois depuis 2004 pour atteindre 75 millions de gallons l'ann�e derni�re (1 gallon: 3,78 litres).

Cette ann�e elle devrait encore doubler �  150 millions. Par comparaison, la consommation de diesel issu du p�trole repr�sente 60 milliards de gallons sur le march� am�ricain.

Le biodiesel a ses chantres. Ainsi le chanteur country de l�gende, Willie Nelson, 73 ans, a lanc� sa marque "BioWillie". Le chanteur qui arbore souvent un drapeau am�ricain nou� en bandana sur le front croit au biodiesel parce qu'il peut "rendre aux Etats-Unis leur ind�pendance vis-� -vis du p�trole �tranger".

"Le consommateur peut �tre s�r que l'argent qu'il d�pense pour le fuel reste en Am�rique", �crit-il sur son site internet.

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